L’exhumation du corps de Jean Lalanne-Clouté

Exhumation du corps de Jean Lalanne-Clouté

Commune de Nouna : l’exhumation du corps du père blanc Jean Lalanne-Clouté décédé le 23 avril 1978 suite à un malaise dans le village de Koussiri.

Ce jeudi 20 mai 2021 ,un évènement extraordinaire a eu lieu à l’ancien cimetière chrétien à côté du grand marché de Nouna. En effet, le corps d’un prête blanc a été exhumé pour être réinhumé au cimetière des prêtes et religieux du séminaire « Saint Baga Tuzindé ». C’était en présence des autorités municipales, la famille chrétienne de Nouna et du frère Emmanuel Duprez Zerbo.

L’exhumation s’est bien passée et a suivi les règles protocolaires des textes en vigueur.
Emmanuel Duprez Zerbo nous revient sur la vie du missionnaire Jean Lalanne-Clouté à Nouna.

Qui est ce grand père blanc qui a loyalement servi Nouna de 1965 à 1978 ?

Père Jean Lalanne-Clouté

Père Jean Lalanne-Clouté est né le 2 avril 1935 à Marion, dans les Pyrénées Atlantiques, diocèse de Bayonne. Il est issu d’une famille de sept (7) enfants.

En 1965 , l’Abbé Lalanne-Clouté partit donc au diocèse de Nouna-Dédougou en Haute Volta. Nommé aumônier du collège sans aucune connaissance du milieu, il sut se faire accepter par les jeunes. Le personnel enseignant, qu’il redoutait un peu, ne manifesta aucun préjugé par au nouvel aumônier.

Jean désirait « servir » simplement, mais entièrement. Il sut profiter de l’atmosphère de sérieux et de discipline intelligent qui régnait au collège soutenu par les Frères des Écoles Chrétiennes, il sema l’esprit missionnaire parmi les meilleurs éléments. C’est pendant cette période que les Bobos et les Markas de tout le secteur de Nouna eurent les meilleurs Cœurs vaillants et Scouts . À l’occasion des sorties dans les villages, tout autour de Nouna, Jean pris contact avec les jeunes Villageois.

Jean fut nommé vicaire à la cathédrale de Nouna. La question de la langue Marka le tracassait. Il utilisa tous les moyens : stage de Jula à Sikasso, stage à Zaba, notes, magnétophone…

Jean était fanatique, un mystique de la pauvreté. Le style de vie simple et pauvre de la communauté dans la société avait été une des raisons qui l’avait attiré le plus fortement chez nous. Très porté sur le social, toutes les apparences de richesse le hérissaient. Par contre, il était si bon et si peu regardant de son argent personnel pour recevoir des confrères. Il faisait toutes ses tournées en mobylette et aucun conseil de modération ne put jamais l’engager à utiliser une voiture « Ce serait une injure à la pauvreté … » Ce n’est qu’en 1975 ,qu’il se décida d’acheter une voiture parce qu’il avait eu des ennuis sérieux à la colonne vertébrale.

Fonçant toujours droit devant lui, aucune difficulté ne l’arrêtait. Il allait jusqu’au bout, ne s’embarrassant pas des détails. Cette vision simple des choses, avec un zèle toujours entier, fut sa force. Animé par une union très personnelle à Dieu et pétri d’écriture sainte, il mit toute sa confiance dans le seigneur. Et c’est ce sentiment qu’il exprimait dans son engagement définitif en 1975 : « Je connais ma faiblesse, mais je mets toute ma confiance dans le Christ pour vivre avec lui dans la joie, la chasteté, la vérité, la pauvreté et la prière, et pour rechercher toujours avec mes confrères de vie et de travail. Sa volonté pour le salut. Avec le Grand Apôtre, je redis : Je sais en qui, j’ai mis ma confiance « …

Lors de son congé en 1976, Jean appris qu’il devait prendre la direction de la paroisse. Sa réaction le montre tel qu’il est : << Monseigneur me demande de prendre la responsabilité de la paroisse de Nouna. Cela m’effraie parce que je suis pagailleur et que je manque d’organisation. Je suis fait pour être vicaire, mais pas pour être curé. Je lui ai dit que je ferai tout mon possible pour éviter les bavures et faire le moins de mal possible >>

Le dernier souffle de sa vie le dimanche 23 avril 1978 dans le village de Koussiri

Jean est décédé subitement à 43 ans, en plein exercice de son ministère. Curé de Nouna pour l’ethnie Marka, il était parti le dimanche matin, 23 avril 1978, en bicyclette, au village de Koussiri, à 5 km de la ville. Durant la messe dominicale, des jeunes devaient faire leur première communion et plusieurs couples devraient se marier. Pendant la procession qui menait la communauté paroissiale à l’église, Jean s’est affaissé sur les genoux en disant : << une abeille m’a piqué >>. Puis, il s’est allongé sur le dos et a perdu connaissance. Une congestion cérébrale et la rupture d’un vaisseau sanguin lui avaient sans doute donné l’impression d’avoir été piqué…

L’enterrement a dû se faire sans tarder. Plus de vingt (20) prêtres cependant ont concélébré avec Monseigneur Toé, ce même dimanche vers 18h00, dans la cathédrale de Nouna. L’église était trop petite pour contenir tout le monde.
Jean aura été un apôtre au sens le plus authentique, travailleur et collaborateur sérieux sur qui on pouvait compter. Toujours calme, rien n’était pris au tragique, qualité de valeur dans une équipe missionnaire pour garder le bon moral des troupes. Sa grande qualité d’apôtre aura été la disponibilité et l’accueil, un accueil souriant….

Madi Sidparaadye KEBRE/Burkinaweb.net

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