» Aucun des 19 villages de la commune de Ouindigui n’existe encore.

Quant à la province du Yatenga, elle connait l’occupation totale de 04 communes sur les 13 que compte la province (Kaïn, Koumbri, Tangaye et Barga). Une partie des communes de Thiou (seul le chef-lieu de la commune n’est pas encore sous contrôle des terroristes), Zogoré et Namissiguima. Il est à noter des incursions dans des localités de la commune de Ouahigouya (Youba, Mouni, Roba, Toessin, Komsilga, etc.). La présence des hommes armés a été constatée dans certaines localités du Zondoma »

COALITION RÉGIONALE DE LUTTE CONTRE LA VIE CHÈRE, LA FRAUDE, L’IMPUNITÉ ET POUR LES LIBERTÉS (CCVC/NORD)

MOUVEMENT « SAUVONS LE YATENGA »

MOUVEMENT « LOROUM HOBTAM »

CONFÉRENCE DE PRESSE DU 08 JANVIER 2022.

Déclaration liminaire

Mesdames et Messieurs de la presse,

Au nom de l’ensemble des organisations membres de la présente coalition, nous vous remercions pour votre présence à cette conférence de presse. Aussi, nous tenons à vous témoigner nos félicitations et encouragements pour le travail que vous abattez afin de donner l’information juste et équitable aux populations malgré le contexte sécuritaire très difficile et les différentes restrictions opérées dans la législation qui mettent à mal la liberté de presse et celle d’opinion dans notre pays.

Mesdames et Messieurs de la presse,

Nous ne saurons entamer le fond de cette conférence de presse sans vous présenter nos vœux les meilleurs pour cette nouvelle année. Puisse 2022 procurer aux burkinabè la santé, l’épanouissement et voir le retour de la sécurité dans le pays.

2021 fut assez éprouvante pour nos organisations et le peuple burkinabè. Au titre des peines, nous avons la disparition de milliers de burkinabè à cause de la crise sécuritaire. La région du Nord a connu ces dernières années des attaques terroristes aussi meurtrières les unes que les autres. Ces attaques ont entrainé la mort de centaines de personnes (civils, VDP, FDS) dont le célèbre volontaire GANAME Soumaïla plus connu sous le nom de Ladji YORO et plusieurs de ses hommes. Au nom de l’ensemble des victimes du terrorisme et ceux du nord en particulier, nous vous demandons d’observer une minute de silence.
Nous vous remercions.

Mesdames et Messieurs de la presse,

L’évolution de la situation sécuritaire dans notre pays, et particulièrement dans la région du Nord est très inquiétante. En effet, la région vit une multiplication des attaques terroristes depuis plusieurs mois. Il ne se passe un seul jour sans que des populations, des VDP ou des FDS ne soient lâchement assassinés. Ces attaques, au-delà des centaines de morts, ont entrainé des milliers de déplacés. La quasi-totalité des localités du Loroum et plusieurs autres du Yatenga se sont vidées.

Des centaines de structures éducatives et sanitaires sont fermées dans la région pour cause d’insécurité. La région du Nord totalise 143 544 Personnes Déplacées Internes (PDI) selon les données en date du 30 Novembre 2021 du Ministère en charge de l’action humanitaire. Ces chiffres ne prennent pas en compte les déplacements en décembre 2021 où des milliers de personnes ont fui principalement le Loroum. Ces PDI vivent dans une précarité absolue (problèmes de logements, de recensement, d’alimentation, d’accès à des soins de santé, d’hygiène, de sécurité, de scolarisation des enfants, etc.).

Actuellement, une bonne partie de la région est laissée entre les mains des hommes armés toujours non identifiés selon nos autorités. La province du Loroum est occupée dans presque sa totalité. Seule la ville de Titao ne l’est pas. Là également, précisons qu’il est difficile de rallier certains secteurs de la ville de Titao. La ville de Titao est totalement coupée des autres localités de la région. Il est impossible d’entrer ou de sortir de ce chef-lieu de province. La RN 23 et les pistes sont contrôlées par les terroristes qui y sèment leurs lois. Les services sociaux de base ont fermé leurs portes et il est difficile de se faire soigner dans une structure de santé ni de s’acheter des médicaments. Le litre d’essence se négocie entre 1500F et 2500F. Le kg de riz et le litre d’huile coutent respectivement 750F et 1500F quand il y en a. Aucun des 19 villages de la commune de Ouindigui n’existe encore.

Quant à la province du Yatenga, elle connait l’occupation totale de 04 communes sur les 13 que compte la province (Kaïn, Koumbri, Tangaye et Barga). Une partie des communes de Thiou (seul le chef-lieu de la commune n’est pas encore sous contrôle des terroristes), Zogoré et Namissiguima. Il est à noter des incursions dans des localités de la commune de Ouahigouya (Youba, Mouni, Roba, Toessin, Komsilga, etc.). La présence des hommes armés a été constatée dans certaines localités du Zondoma.

Mesdames et Messieurs de la presse,
Comment en est-on arrivé là ? Pouvait-il en être autrement ?

À l’analyse, la dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Nord n’est guère surprenante. Elle est à l’image de celle nationale et témoigne du degré de responsabilité de nos autorités dans la gestion de la crise sécuritaire. La dégradation de la situation sécuritaire est la résultante de l’insouciance et du dédain des autorités aussi bien régionales que nationales. Depuis les premières attaques terroristes, le pouvoir du MPP et ses alliés a montré son incapacité à résorber la menace terroriste sur le sol Burkinabè. Pire, il s’est mis dans une inaction complice. Les multiples dénonciations n’ont rencontré que le mépris des autorités. Le pouvoir a même travaillé à éteindre les voix qui dénonçaient la situation sécuritaire à travers des répressions sous diverses formes : vote de lois restreignant les libertés d’opinion, de presse et de manifestations ; arrestations et emprisonnement d’activistes qui dénonçaient la mal gestion au sein de l’armée ; etc.

La gouvernance dans la région du Nord est marquée par l’absence d’une vraie autorité capable de s’investir dans la lutte contre la crise sécuritaire. Pire, on n’a l’impression que la région n’est même pas gouvernée. Le gouverneur s’illustre dans le mépris des organisations qui dénoncent la crise sécuritaire en refusant de les recevoir et en proférant des menaces contre certaines autres dont des membres de notre coalition. De nombreuses demandes d’audiences restées sans suite trainent dans ses tiroirs. Pourquoi ? Nous n’en savons pas. Seul le Gouverneur pourra répondre. Du reste, lors de la marche-meeting du 30 Octobre 2021, nous nous posions des questions dans notre message à lui transmis en ces termes :

une vue des hommes de la presse à l’écoute des conférenciers.

« L’absence de réaction conséquente de l’autorité pour freiner l’insécurité alimente des questions légitimes que sont : les autorités ont-elles abandonné les populations ? Y-a-t-il complicité entre les terroristes et les autorités qui ont abandonné certaines parties de la région et du pays entre les mains des terroristes ? Ladji, célèbre responsable du Loroum des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), n’avait-il pas raison en se demandant si une partie du territoire a été vendue aux terroristes ? Pourquoi cette absence d’encouragement et d’accompagnement des initiatives locales de sécurité (VDP et Koglwéogo) ? »

Ce sentiment de complicité est de plus en plus vif au regard des circonstances des dernières attaques dont celles ayant entrainé la mort du célèbre VDP, Ladji YORO et 41 autres personnes le 23 décembre 2021. En effet, les nombreuses zones d’ombres, les témoignages des rescapés et proches alimentent les rumeurs sur la sincérité des autorités sur la mort de ce patriote. Au-delà du drame du 23 décembre 2021, il y a ceux des 09 décembre ayant entrainé la mort de 14 VDP à You sur la RN23 ralliant Titao à Ouahigouya et 12 décembre à Ouindigui dont aucun bilan objectif et officiel n’est communiqué. Il est à préciser que des corps des victimes gisent toujours à Ouindigui.

Mesdames et Messieurs de la presse,

Comme vous le constatez, la situation sécuritaire dans la région est très dramatique et l’attitude de l’autorité plus que troublante. Face à cette absence de réplique sérieuse de l’autorité, des burkinabè ont décidé de prendre leurs responsabilités afin de sécuriser la terre qui les a vus naitre et où reposent leurs ancêtres. C’est l’occasion pour nous de saluer ces initiatives locales de sécurité portées par des koglwéogo et des VDP. Ces patriotes, malgré la précarité de leurs conditions d’existence et des armes ont fait des prouesses inimaginables. Ils sont la preuve que notre peuple est capable de prendre en main son destin. Hommages et courage à eux !

La situation exige le renforcement de la résistance populaire pour contraindre l’autorité à agir efficacement contre la crise sécuritaire et ses conséquences. C’est dans ce sens que nous exigeons de l’autorité :

  • La prise de mesure pour la sécurisation des villages en vue du retour des populations ;
  • Le renforcement des capacités opérationnelles des FDS ;
  • La promotion et le soutien des initiatives locales de sécurité (autodéfense) par un armement conséquent et une motivation suffisante;
  • La libération immédiate de la RN 23 reliant Ouahigouya à Titao et approvisionnement immédiate de la ville de Titao ;
  • La diligence dans le recensement des PDI ;
  • L’ouverture de l’ancien pied-à-terre chef de l’État à Lilgomdé pour accueillir les PDI sans abris ;
  • L’acquisition d’une réserve pour l’installation d’abris au profit des PDI ;
  • La juste répartition des dotations aux bénéfices des PDI ;
  • La diligence dans l’établissement des actes d’état civil ;
  • La meilleure prise en charge des personnes vulnérables dans la région ;
  • La scolarisation des enfants des PDI ;
  • La lumière sur les récentes attaques : celles du 09 décembre à You (14 VDP tués), du 12 décembre à Ouindigui (bilan inconnu) et du 23 décembre encore à You.

La Coalition se réserve le droit d’engager des manifestations publiques et d’autres formes d’actions si dans les jours à venir, une amélioration de la situation sécuritaire n’est pas observée.

Mesdames et Messieurs de la presse,

Les organisations membres de la coalition, au regard des constats faits, ont mené des actions, individuellement et/ou collectivement pour dénoncer, interpeller et venir en aide aux victimes (marches-meetings, audiences, assistances diverses aux PDI, etc.). La coalition est naissante et est appelée à s’élargir car des demandes et des intentions d’adhésion sont enregistrées. Elle lance un appel aux organisations de la société civile et aux populations à faire un large front dans la lutte contre l’insécurité et ses conséquences. Les portes de la coalition sont largement ouvertes.

La coalition dans la poursuite de ses actions lance un appel aux dons pour venir en aide aux VDP et à leurs familles. Elle invite les burkinabè vivant au pays et les burkinabè de la diaspora à manifester leur solidarité à l’égard de ces vaillants patriotes qui se battent pour la libération de notre pays. Les dons attendus sont des soutiens financiers, des vivres, vêtements… Les identités des membres chargés de la collecte et les méthodes seront communiquées via communiqué de presse dans la semaine.

Par ailleurs, elle appelle l’ensemble des populations de la région de manifester une solidarité agissante vis-à-vis des PDI. C’est dans l’union et la solidarité que nous soulagerons mutuellement nos peines et trouverons des solutions à nos préoccupations.

Vive les VDP et Koglwéogo !

Force et courage aux initiatives locales de sécurité !

Force et courage aux FDS sur le front avec des moyens dérisoires et des conditions de vie difficiles !

Hommages et repos éternel aux martyrs de la lutte contre le terrorisme !

Vive la solidarité et l’unité populaires !

Pour la Coordination

Pour la CCVC
Check Abdoul Dramane OUEDRAOGO Président/ SG de l’UR CGT-B/Nord Porte-parole

Pour le Mouvement «Sauvons le Yatenga »
Tidiani SAVADOGO

Pour le Mouvement « Loroum Hobtam »
Madi KOMI
Coordonnateur

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