Cherté de la dot : l’autre commerce qui handicap le mariage

Au Burkina Faso, épouser légalement une femme passe nécessairement par certaines traditionnelles et ancestrales qui consistent à donner symboliquement la dot de cette dernière. Dans le passé, c’est un geste symbolique qui prouve que l’homme aime la femme et veut la récupérer, les rites variant selon les régions.

Mais aujourd’hui, cette pratique a évolué à tel point qu’elle s’écarte de ses origines. La dot devient excessivement chère. Ce sont des centaines de mille de nos francs qui sont versés sans compter le bœuf à offrir à la belle famille, l’argent pour le repas et d’autres cadeaux qui accompagnent l’argent, comme les pagnes, cola, sucre, les boissons, les dattes, les bonbons…

Le dictionnaire Le Robert définit la dot comme « bien qu’une femme apporte en se mariant ».

Toutefois en Afrique, c’est la famille de l’homme qui verse la dot (en nature et en espèce) à la famille de la future Mariée. Mais la dote devient de plus en chère et qui constitue un obstacle pour les jeunes qui souhaitent se marier.

Cette situation est en défaveur des jeunes ayant l’âge de se marier, mais qui sont dépourvus de moyens. Ils sont obligés de rester célibataires à vie ou de passer par d’autres chemins pour avoir gratuitement : l’enceinter.

Certaines futures mariées usent des subterfuges pour contourner ce fardeau de la dot.

« Je me suis laissée prendre en mariage sans aviser mes parents, car je savais bien qu’ils n’auraient jamais accepté que je parte sans dot préalable. L’important est que je vive avec celui que j’aime et qui m’aime, même s’il n’a pas assez d’argent », a déclaré, une jeune dame, la trentaine bien sonnée. Elle vit depuis peu avec son mari dans la commune de Djibasso.

Malgré tout, Yiromihan a simulé un enlèvement pour ne pas être coupable aux yeux de ses parents. Mais, en vérité, elle s’est laissée entrainer, comme par surprise après une soirée d’un bal populaire dans le voisinage. Leurs parents respectifs ont compris qu’il s’agissait d’un mariage arrangé.

Quel paradoxe de savoir que dans certaines contrées cette question de dot est presque dépassée pendant qu’elle est tout à fait le contraire dans une partie de la région de la boucle du Mouhoun au Burkina Faso dont nous consacrons notre article, précisément dans certaines communes de la province de la Kossi où pour avoir en mariage religieux ou traditionnel la femme de sa vie, c’est la croix et la bannière surtout pour les familles moins nanties.

 Considérée autrefois comme un symbole en guise de reconnaissance à l’endroit de la belle famille, la dot semble être une mine d’or de sa flambée qui suscite des jérémiades et des atermoiements au sein des communautés.

 Sous d’autres cieux, la dot reste jusque-là symbolique qui par la suite sert d’héritage pour les enfants où les parents de la femme pour celles qui décèdent sans avoir la chance de procréer ou au meilleur des cas, comme bien commun du couple.

Il s’agit pour le futur époux de montrer une vache parmi son troupeau à la belle-famille comme dot et le tour est joué. Rare de fois cette vache est soustraite du troupeau au compte de la future épouse.

Ces exemples existent encore dans la communauté peuhle des communes de Barani et de Dokuy dans la Kossi.

Par ailleurs, il faudra débourser entre cinquante mille (50 000) à cinq cents mille (500 000) francs CFA en milieu urbain et parfois même au village comme par exemple dans les communautés : mossi, Marka, Rimaïbé et Samo.

À l’ouest toujours dans cette même province de la Kossi, souvent à cause de la Rivalité, pour épouser une femme divorcée certains ont tendance à faire une démonstration de force de frappe qui peut aller au-delà de tout entendement dont les cinq cents mille (500 000) Francs pour être un peu plus juste, disons-le tout net, une jeune fille à moins de chance sinon presque impossible d’avoir ces mêmes avantages.

Cette pratique mercantile n’est pas sans conséquence pour les jeunes filles, filles mères, jeunes hommes célibataires et aux mariés.

Un jeune étudiant au secteur 6 de Nouna, âgé de 26 ans, est l’une des victimes de la cherté de la dot. Il n’a pas toujours de travail. Il dit avoir l’âge et l’envie de se marier, sauf qu’il n’en a pas les moyens.

Des jeunes filles et jeunes garçons du fait de la modestie des moyens dont dispose leurs familles vont à l’aventure dans les centres urbains dans l’espoir de devenir filles de ménage abandonnant ainsi l’école, famille et ami(es) à la recherche du nécessaire afin de revenir fonder un foyer comme tout le monde pour ne pas être la risée de tout le village car donner ou faire moins que les autres est une honte familiale.

Il en est de même pour les jeunes garçons où d’autres se retrouvent sur des sites d’orpaillage ou encore s’adonnent à la recherche du gain facile

En la matière il existe des exceptions et des expériences dans le rang des communautés où c’est l’homme qui décide en fonction de ces moyens pour sa future épouse.

Dans la religion chrétienne, selon la Bible, le principe de la dot est un principe des nations que Dieu a rejetées, c’est un principe non-biblique et condamnable puisqu’il s’agit finalement pour les parents de la fille de « vendre » son enfant, un principe qui est donc en rapport avec la sorcellerie et non pas la loi de Dieu.

 Le mahr (arabe : مهر) est le don, selon les prescriptions de l’islam, que l’époux doit faire à l’épouse. … En Islam, l’homme n’a pas le droit de toucher au patrimoine de la femme qui utilise son argent comme bon lui semble.

Le mari doit, à sa future épouse, verser une dot dont le montant reste secret pour les personnes extérieures au couple. Cette dernière est aussi appelée douaire (mahr) et pourra être utilisée même si le couple venait à divorcer. Cette dot peut avoir diverses formes : Argent, bijoux ou autre.

C’est pourquoi il est essentiel d’en parler pour une prise de conscience généralisée afin que cesse cette pratique, car le bonheur d’un couple est son épanouissement socio-économique et culturel…et non risqué son avenir en organisant un mariage qui peut bien avant ruiner les futurs mariés ou laisser des séquelles pour un bon temps dans le couple. Il en est de même pour les mariages organisés en grande pompe où les dépenses pourraient contribuer à générer des revenus pour la famille.

En général, le mariage traditionnel africain comprend 3 importantes phases qu’on résume le plus souvent par le mot « dot », que certaines législations africaines reconnaissent. Ainsi on aura : La rencontre et la présentation des deux familles, la remise officielle des cadeaux, et le rite d’union proprement dit.

Dans la Kossi de tels cas d’union maritale surprise sont légion, en particulier pendant la saison sèche généralement riche en occasions de fêtes familiales.

 Les vieux garçons qui, depuis longtemps, butent sur l’impératif de dot, s’arrangent avec d’autres filles également âgées pour convoler en solo et en justes noces.

Une dot devenue de plus en plus prohibitive.

Désargentés, les garçons deviennent de moins en moins capables de payer la dot dont la valeur oscille aujourd’hui autour de 500.000 francs soit le prix estimatif d’une vache, autre dot valable en nature. « Les parents ne devraient pas s’en étonner outre mesure car pour faire comme les autres, certains n’hésitent pas de demander, en guise de dot, une vache ou un montant équivalant alors que le garçon n’a généralement pas beaucoup de ressources », déclare Traoré Eugène, un des célibataires endurcis.

Mais certains parents ne sont pas contents de cette attitude de leurs enfants. Ils estiment que pour défendre l’honneur de la famille, la fille doit être donnée en échange d’une dot substantielle. « Le mariage est un symbole d’alliance entre deux familles et il est précédé par tout un rituel que nous devons respecter, notamment la dot, qui doit être donnée dans un cadre convivial avec des discours appropriés ; dans tous les cas, c’est insensé de se marier à la dérobée », indique une sexagénaire attachée aux traditions.

Depuis quelques temps, la multiplication de cas de mariages discrètement arrangés entre garçons et filles a relancé le débat sur l’utilité de la dot.

« Dès lors que la dot devient, par son exorbité, un handicap au mariage, les parents devraient la réduire à sa simple expression pour n’en faire qu’un symbole de gratitude vis-à-vis de la famille de la jeune fille qui a bien élevé leur enfant jusqu’au stade du mariage, c’est d’ailleurs le sens originel de la dot », explique un notable de la commune de Bourasso.

Aujourd’hui, plus la dot est consistante, plus le gendre est respecté. « C’est d’autant plus vrai qu’un homme qui prend une femme sans aucune contrepartie en guise de dot ne prétend à aucune considération du côté de la belle famille, même en cas de fête familiale, sa place est loin derrière alors que celui qui a bien doté sa femme occupe le devant de la scène », fait remarquer un agent de l’action sociale.

Moussa SANGARE
BurkinaWeb.net

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