Nouna : Sa Majesté El Hadj Mamadou Traoré intronisé 10ème chef de canton de Soin.
Ce dimanche 30 mai 2021, la ville de Nouna et ses 60 villages ont connu un évènement exceptionnel : la cérémonie consacrant l’intronisation du chef de canton de Soin, le sacre de Djamana Tigui de Soin, sa Majesté El Hadj Mamadou Traoré.
Il a reçu les attributs de son intronisation des mains du Massa de Dédougou qui sont composés d’un bonnet qui symbolise la confiance de sa famille et de son peuple; d’une canne qui lui permettra de guider son peuple et d’un sabre qui lui servira de défense et de protection de son canton.
A l’issue de cette solennité, le nouveau chef de canton a eu les honneurs des griots de Soin et des coutumiers qui ont invité par conséquent des masques et des troupes de danse traditionnelle pour lui prêter allégeance.
Tour à tour au parloir, les communautés Bwaba, Peulh, Mossi, Samo et Dogon ont félicité et rendu hommage au chef de canton en lui souhaitant un règne heureux et paisible.
Elles ont souhaité que l’accession à son trône soit celle du rassemblement, la cohésion sociale, la solidarité, l’amour , d’une bonne pluviométrie et de l’abondance alimentaire.
Qu’est-ce que le canton de Soin ?
Le canton de Soin est une entité administrative traditionnelle, créé en 1923 pendant la colonisation. Il regroupait à l’origine 37 villages mais couvre de nos jours plus de 60 villages dont la commune urbaine de Nouna. Il s’étend sur deux (2)axes :
- Axe Konankoira (au Nord) et Gnakuy (au sud) sur environ 25 km.
- Axe Tonséré (à l’est) , à Kombara (Ouest ) sur 40 km .
Il est délimité par les cantons de Bourasso, Dionkongo, Téni, Doumbala, Barani et Dokuy.
Nouna chef-lieu de la province de la Kossi, est historiquement l’un des villages du canton qui fut érigé en poste administratif en 1933 par l’administration coloniale avec la bénédiction du chef de Soin, sa Majesté Kassoum Traoré. Celui-ci régna pendant 19 ans de 1916 à 1935 et c’est lui qui donna les limites de ce qui allait devenir la ville de Nouna.
Dans le village de l’administration coloniale, le « Djamana Tigui » de Soin fut installé à Nouna. Le règne de sa Majesté Kassoum Traoré a été marquée par la participation des jeunes du canton à l’effort de la première guerre mondiale qui libérera la France et bien d’autres pays européens. Il participa à la création de la Haute Volta en 1919 au sortir de la guerre. Sixième (6ème) Djamana Tigui de Soin, il est le fondateur de la dynastie des Traoré, chefs de canton.
À la disparition de sa Majesté Kassoum Traoré, son fils Dramane qu’il avait envoyé très tôt auprès de la chefferie coutumière de Barani pour apprendre les rudiments de la gouvernance, fut installé par l’administration coloniale en 1935 à 39 ans.
Il régna pendant 39 ans jusqu’en 1974, a traversé la seconde guerre mondiale et contribué à conduire nos populations vers la reconstitution en 1947 de la Haute-Volta à l’indépendance en 1960. Il est reconnu pour avoir été un compagnon de lutte des membres du conseil général du Soudan français de 1947 à 1952.
Ces membres représentaient le cercle de Tougan au sein du regroupement pour le parti union des Markas, Peulhs, Bobos et Samos.
Habile négociateur et diplomate, il a su promouvoir la paix et la coexistence pacifique entre les différentes communautés peuplant progressivement ce qui était maintenant devenu la ville de Nouna.
Il a su faciliter l’harmonie entre la religion traditionnelle de ses ancêtres et les religions musulmanes et chrétiennes naissantes de son royaume.
Après le décès de sa Majesté Dramane, son jeune frère El Hadj Moussa Traoré fut intronisé en 1974 et régna jusqu’en 2011 ,soit pendant 37 ans. Sa Majesté El Hadj Moussa était un chef très attentionné, écoutant autant qu’il faut ses visiteurs qui venaient à la quête de sa médiation et de son éclairage.
Appelé affectueusement par la population Ladji, il était d’une grande culture arabe et d’une bonne connaissance des pays de la sous-région, notamment la Côte d’Ivoire et le Mali.
Il a grandement contribué contribué au développement de son canton, singulièrement par l’accompagnement de l’administration et des autorités coutumières des villages du canton.
Sa Majesté El Hadj Karim Traoré, notre père affectueusement appelé M’Bi Kaimou, a succédé à son frère El Hadj Moussa en 2011. Il a eu le règne le plus court de la dynastie des Traoré : 9 ans.
Mais ce fut un règne plein de défis à l’image de ce qu’était le bouillant Burkina Faso. Il a su calmer et orienter les ardeurs politiques, administratives, coutumières et foncières.
La cour de sa Majesté était devenue le lieu de résolutions des préoccupations des fils de la région; le lieu de visite des autorités politiques et des fils venus de la diaspora et des quatre (4) coins du Burkina Faso.
Il a su réunir tous les villages du Numadu, du Pérédou, du Waradou, et du Kodu, ainsi que les autres cantons de la Kossi et ceux des Banwa. Il s’en est allé le 05 octobre 2020 en laissant la charge à son fils qui l’accompagnait déjà dans ses tâches.
Sa Majesté El Hadj Mamadou Traoré que nous célébrons aujourd’hui est déjà rompu à la tâche. Dixième (10ème) Djamana Tigui du canton de Soin, il réunit entre ses mains le symbole de la tradition des chefs de canton de Soin, le tam-tam ( bruit de Tam-tam ) et celui de l’administration, le sabre ( coup de fusil ).
El Hadj Mamadou Traoré n’a pas seulement été à l’apprentissage de ses pères, mais il a également bénéficié de l’expérience de plusieurs autres chefs coutumiers par sa participation aux rencontres et médiations des chefs traditionnels où il a représenté la chefferie de Soin plusieurs fois.
Il s’est construit un réseau d’amis qu’il saura à profit dans la tenue de ses Soins.
Madi Sidparaadye KEBRE/BurkinaWeb.net
