Barani : journée du pardon et de la réconciliation

Kossi ( Boobola ) : discours en intégralité de L’Emir de Barani sur la journée du pardon et de la réconciliation ténue le 22 mai 2021.

Tout le plaisir est pour moi de nous voir réuni ce matin au tour de la vie et de l’avenir de notre grand Boobola.

À tous ceux qui ont fait le déplacement de Barani , je vous souhaite la bienvenue.

Après tout ce que le Boobola a traversé, il était temps qu’ensemble nous nous retrouvions tous, pour ensemble panser nos plaies et voir l’avenir d’un même regard.

En rappel, le Boobola a été fragilisé et meurtri ces cinq dernières années, l’Emir que je suis a été touché dans son amour propre, mais ensemble nous sommes restés résilients.

Comme si cela ne suffisait pas et contre toute attente,

  • des agents de notre administration venus pour nous aider sont pris pour cible par des hommes armés non identifiés dans la zone de Kombori faisant un gendarme tué; le 31 décembre 2017.
  • Dans la nuit du 17 au 18 octobre 2018 ,la brigade de gendarmerie subit une attaque qui s’est soldée par la mort d’un gendarme; pendant même que le ministre de l’administration territoriale recevait le même jour une délégation des fils de Barani cherchant à éviter le pire.
  • Le 3 février 2019, un berger est amputé par des hommes armés. Et son compagnon un garçonnet porté disparu à jamais,
  • Un mois plus tard, un autre berger a été abattu dans la zone de Torokoto,
  • Dans cette même zone, deux enfants de moins de douze(12) ans ont été enlevées et sont toujours portés disparus;
  • Le 28 mars 2019, une autre attaque de la brigade territoriale de gendarmerie a provoqué la mort de quatre (4) gendarmes.

Sentant les prémices d’un conflit intercommunautaire, je n’ai pas de cesse de multiplier les rencontres tendant appeler à la retenue et à une attitude républicaine.

Malgré tous mes efforts, la situation s’est détériorée avec son corollaire de violence d’enlèvement et de mort.

Que de victimes, que de sang versé.

Parlant de victimes, ma pensée va vers

  • Sambo Sodogo, chef du village de Sudogo, Drissa Alin, Djaka avec deux de ces compagnons, tous enlevés et toujours sans nouvelles. C’est l’occasion pour moi de demander à tous ceux qui ont une nouvelle d’eux de nous la donner même si elle n’est pas bonne.
  • Les six (6) membres d’une même famille froidement abattus à Yalankoro au lendemain d’une rencontre où ils ont officiellement dit avoir peur pour leurs vies.
  • Le frère de Sadou Kolonkan abattu dans sa cour.
  • Le conseiller de Boulen et son frère abattus dans sa cour.
  • Les deux enfants de El Hadj Souhaibou assassinés pendant que nous étions à Dédougou pour chercher des solutions avec le Massathon
  • Sekou Boulen
  • Les cinq (5) femmes de Boulen dont une enceinte et leurs enfants décapités et brûler à l’aide du bois de leur charrette.
  • Moussa Hammadjoun, le chef de Pélin 2 abattu
  • Seydou Magalory abattu chez lui
  • Les victimes d’un engin explosif
  • Pathè Noumou, compagnon de Drissa Alin tué sur la route de la recherche de sa pitance quotidienne.

La liste est longue qu’on ne pourra tout citer.

Ma pensée va aussi vers El Hadj Souhaibou et tous ceux qui se sont engagés avec moi depuis le début de la crise et qui n’ont pas vu ce jour .

Ma pensée va aussi vers toutes les familles et corps de métier qui ont été impacté d’une manière ou d’une autre par cette crise.

Pour la mémoire de toutes les victimes de cette crise, je vous prie de bien vouloir observer une minute de silence .

Mes chèr (es ) fils et filles du Boobola, l’Emir que je suis a été meurtri. Oui meurtri dans la chaire et dans son âme. Mais, seul le pardon et la foi peuvent apaiser ma douleur. Voilà pourquoi, j’ai décidé de pardonner, pardonner pour tout et pardonner à tous et pardonner pour toujours.

Fils et filles du Boobola en ma qualité de votre Émir, et au nom de cette fraternité, je vous prie de faire autant : pardonner, pardonner pour tout et pardonner à tous et pardonner pour toujours.

Et pour que cela ne se répète plus dans notre Boobola, j’invite la justice à faire son travail.

Monsieur…

Loin de moi l’idée de penser que seul le Boobola a connu des victimes, il en a eu un peu partout dans notre pays; permettez-moi alors de profiter de l’occasion pour présenter mes condoléances à la nation entière.

Filles et fils du Boobola-Barani n’a pas connu que le Bonheur, il a au cours de son histoire eu des situations de crise aussi grave que ce conflit intercommunautaire importé et imposé à lui.

Face aux précédentes crises, Barani a toujours su se relever. Cela a été grâce à la cohésion sociale de toutes ses composantes sociales. Et, c’est ça tout le défi de la génération actuelle.

Fils et filles du Boobola où que vous soyez, je vous invite à :

  • cultiver la cohésion
  • bannir toute velléité de violence et de radicalisation
  • refouler tous sentiments de haine et de vengeance
  • éviter les fréquentations et actions à risque
  • savoir tenir votre langue.
  • savoir garder son calme
  • savoir se confier aux personnes ressources sur les problèmes rencontrés
  • cultiver l’humilité en soi
  • comprendre autrui dans sa différence.

Sachons une chose, rien n’arrive dans ce monde qui ne soit déjà arrivé par le passé. C’est juste le lieu, les circonstances, les acteurs qui changent, c’est donc en tirant leçon du passé que nous pourrons construire l’avenir.

Avant de clore mon propos permettez-moi de remercier l’administration pour son engagement à nos côtés.

Les FDS pour leur combat quotidien.

Et tous ceux qui se sont impliqués pour la tenue de cette présente rencontre.

Je vous souhaite à tous un bon retour dans vos familles respectives.

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